11 – Les droits des animaux

Publié le 19 Février 2017

(Blogs de la même communauté : Trois RévolutionsMessages de l'Au-delàVégan La Foi retrouvéePropositions de décroissanceLa totalité du réelMarie-Madeleine, Quelques citations et Un Cœur PurPage Youtube + Page Facebook)
(Conte en vidéo : Conte d'une Âme)


 

Arrivé à ce stade de la réflexion, il faut bien se poser la question des droits des animaux.

 

Et là, il faut aller voir du côté de Gary Laurence Francione.

 

Il s’est fait connaître aux États-Unis et dans le monde anglo-saxon pour sa théorie des droits des animaux et sa position radicalement abolitionniste en matière d’exploitation animale. Il est le premier universitaire à avoir enseigné cette discipline dans une faculté de droit américaine. Son travail s’articule autour des trois thèmes suivants :

(1) le statut de propriété des animaux,

(2) les différences entre droits des animaux et bien-être animal (animal welfare),

Et (3) une théorie des droits des animaux basée sur la seule sensibilité (sentience), plutôt que sur d’autres caractéristiques déterminées.

 

Pionnier de la théorie abolitionniste des droits des animaux, il soutient que la réglementation sur le bien-être animal (animal welfare) est peu judicieuse sur les plans pratique et théorique, et qu’elle sert seulement à maintenir le statut de propriété des animaux en rendant le public plus à l’aise par rapport au fait de les exploiter. Il affirme que les animaux nonhumains n’ont besoin que d’une seule chose : le droit de ne pas être considérés comme des biens, et que le principe moral de base de l’approche abolitionniste est le véganisme, c’est-à-dire le refus d’utiliser l’ensemble des produits d’origine animale. Francione reconnaît la validité des principes du jaïnisme, et particulièrement la doctrine jaïne de la non-violence, ou Ahimsa, qu’il relie au véganisme et aux droits des animaux. C’est cette croyance en la non-violence qui le désolidarise des revendications violentes. Francione pense que les droits des animaux peuvent et doivent être réalisés uniquement à travers l’action directe non-violente.

Parmi les auteurs qui défendent une position radicalement abolitionniste, Francione se distingue par la simplicité de sa théorie qui ne repose que sur le critère de la sensibilité et sur le principe de l’égale considération, principe que, selon lui, on ne pourra dûment respecter qu’à partir du jour où tous les animaux sensibles bénéficieront d’un statut moral et légal reflétant leur égal droit fondamental de ne pas être traités comme de simples ressources à la disposition d’autres individus.

 

Voici la présentation de la théorie des droits de animaux par Gary L. Francione :

 

Statut de propriété des animaux

 

Dans Animals, Property, and the Law (1995), Francione démontre que parce que les animaux non-humains sont la propriété des humains, les lois visant à ce qu’ils soient traités « humainement » et qui interdisent que des souffrances « non nécessaires » leur soient infligées ne peuvent protéger leurs intérêts de manière significative. La plupart de ces lois et réglementations se limitent à exiger le respect des normes de bien-être animal qui sont nécessaires afin de maximiser le rendement de l’exploitation des animaux. Ces derniers n’ont de valeur qu’à titre de marchandises et leurs intérêts ne se voient accorder aucune pertinence morale. Ces lois échouent par conséquent à leur tâche de protéger les animaux non-humains contre des traitements qui seraient considérés comme de la torture s’ils devaient être imposés à des êtres humains. Selon Francione, des facteurs légaux, sociaux et économiques font en sorte que le statut de propriété des êtres non-humains représente un obstacle majeur, sinon insurmontable, à la protection sérieuse de leurs intérêts.

 

 

Comparaison entre l’approche des droits des animaux et celle du bien-être animal

 

Dans Rain Without Thunder: The Ideology of the Animal Rights Movement (1996), Francione démontre qu’il existe d’importantes différences théoriques et pratiques entre l’approche des droits des animaux et celle du bien-être animal (welfarism). Alors que la première revendique l’abolition de l’exploitation des animaux et la reconnaissance de leurs droits, la seconde ne cherche qu’à améliorer les conditions de cette exploitation afin de la rendre plus humaine. Francione explique que des différences essentielles séparent ces deux perspectives. L’approche abolitionniste visant à l’égalité animale se fonde sur la prémisse qu’il est impossible de justifier l’exploitation des animaux sensibles quand bien même celle-ci serait menée « humainement », tandis que l’approche réformiste visant au mieux-être des animaux repose sur la prémisse qu’il est moralement permis de les utiliser à des fins humaines du moment qu’ils sont bien traités. Alors que pour les uns le problème moral se situe au niveau de l’utilisation des êtres sensibles, il se situe plutôt pour les autres au niveau du type de traitement imposé.

 

Un des principaux apports de cet ouvrage est la réflexion faite autour de ceux que Francione nomme les « néowelfaristes », c’est-à-dire ceux qui, prétendant soutenir les droits des animaux, pensent que les moindres améliorations au niveau des conditions dans lesquelles ils sont exploités nous rapprochent progressivement de l’idéal abolitionniste et, partant, de la reconnaissance de leur valeur inhérente. Il explique qu’il n’y a aucune preuve factuelle plaidant en faveur de cette position : non seulement aucune mesure légale n’envisage les animaux non-humains autrement que comme des marchandises dont la valeur est principalement extrinsèque, mais une telle position est même contre-productive en ce que les normes de bien-être donnent l’impression d’assurer aux animaux exploités un traitement « humain », déculpabilisant ainsi le public et l’encourageant à maintenir ou à augmenter sa consommation de produits d’origine animale.

 

Un des principes fondamentaux de la philosophie francionienne est le véganisme, considéré comme le moteur central de l’abolitionnisme. Par ailleurs, Francione soutient depuis longtemps que le mouvement des droits des animaux est le prolongement du mouvement pour la paix, et qu’il s’inscrit nécessairement dans une logique de non-violence. Il affirme qu’un mouvement abolitionniste/végan est radical par nature, et souligne le caractère réactionnaire de la violence.

 

Pertinence du critère de sensibilité

 

Dans son livre Introduction to Animal Rights: Your Child or the Dog? (2000), Francione présente sa théorie des droits des animaux fondée sur l’idée qu’il n’est nullement nécessaire de posséder des capacités cognitives autres que celles qu’implique nécessairement la sensibilité (sentience) pour être membre à part entière de la communauté morale et jouir du droit fondamental et « pré-légal » de ne pas être la propriété des êtres humains. Il rejette l’idée selon laquelle les animaux doivent posséder certaines des caractéristiques cognitives typiquement humaines, comme une forme sophistiquée de conscience de soi ou des capacités langagières évoluées par exemple, pour mériter le droit de ne pas être utilisés comme des ressources à la disposition des êtres humains. Francione juge que la reconnaissance de ce droit est exigée par le principe de l’égale considération en ce que, tant que les animaux seront assimilés à des biens que les humains peuvent s’approprier, leurs intérêts ne pourront jamais recevoir une considération égale.

 

Dans le cadre de cette discussion, l’auteur diagnostique ce qu’il appelle notre « schizophrénie morale » (moral schizophrenia) à l’égard des animaux non-humains. D’une part, nous disons accorder de l’importance aux intérêts des animaux – plusieurs d’entre nous vivons d’ailleurs avec des compagnons non-humains que nous considérons comme des membres de la famille ayant leur personnalité propre, et dont la valeur morale intrinsèque ne fait aucun doute. D’autre part, nous sommes prêts à sacrifier les intérêts fondamentaux de centaines de milliards d’animaux chaque année pour le moindre de nos caprices : parce que les animaux sont des biens, ils restent des choses qui n’ont d’autre valeur que celle que nous choisissons de leur accorder, et dont nous protégeons les intérêts seulement lorsque nous en tirons un bénéfice – généralement économique. Selon Francione, si nous croyons que les animaux ont un tant soit peu de valeur morale et qu’ils se distinguent des objets inanimés, alors nous ne pouvons les traiter comme de simples propriétés.

 

Points de divergence avec Peter Singer

 

La position de Francione diffère sensiblement de celle de Peter Singer, auteur de La Libération animale. En effet, bien que tous deux considèrent la sensibilité (sentience) comme une condition suffisante pour faire partie de la communauté morale, Singer, qui est utilitariste, rejette la notion de droit moral. Il ne s’oppose pas aussi catégoriquement que le fait Francione à la mise à mort des animaux (humains ou non-humains) qui n’ont, par exemple, pas conscience de la continuité de leur existence dans le temps, ou qui ne possèdent pas un niveau de conscience très sophistiqué. Il est, selon lui, raisonnable de croire que la vie de certains êtres sensibles a plus de valeur que celle d’autres. Si la vie d’animaux sensibles mais inconscients de leur continuité dans le temps est plaisante, si leur mort est indolore et ne cause pas de peine à des tiers, et s’ils sont remplacés par d’autres animaux menant une existence également plaisante, alors il est possible que nous soyons moralement autorisés à les tuer. Par conséquent, pour Singer, l’utilisation des animaux ne soulève pas un problème moral en soi. Dans l’optique de Francione en revanche, le fait qu’un être soit sensible signifie nécessairement que cet être a un intérêt à poursuivre son existence. Aussi rejette-t-il l’idée selon laquelle les animaux ne se soucieraient que de la manière dont on les exploite, et pas du fait d’être exploités.

 

 

Critiques chez les partisans de la similitude des esprits

 

Au sein du mouvement de protection animale, de nombreuses personnes soutiennent que certains animaux, tels que les primates et les dauphins, doivent se voir accorder une plus grande protection eu égard à la similarité de leurs capacités cognitives avec celles des humains dits « normaux ».

 

Francione s'oppose à ce genre de position qu'il qualifie de « théorie de la similitude des esprits » (similar minds position) :

« Je suis assurément d’accord pour dire qu’il est mal d’utiliser des grands singes anthropoïdes dans le cadre de la recherche, des cirques, des zoos, ou pour quelque autre motif que ce soit. Mais je rejette ce que j’appelle la « théorie de la similitude des esprits », laquelle relie le statut moral des non-humains à leur possession de caractéristiques cognitives propres à l’espèce humaine. L’exploitation des grands singes anthropoïdes est immorale pour la même raison qu’il est immoral d’exploiter les centaines de millions de souris et de rats utilisés régulièrement dans les laboratoires ou les milliards de non humains que nous tuons et mangeons : les grands singes anthropoïdes et tous ces autres non-humains sont, comme nous, sensibles. Ils sont conscients ; ils sont subjectivement conscients ; ils ont des intérêts ; ils peuvent souffrir. Nulle autre caractéristique que la sensibilité n'est requise pour être une personne. »

— Gary Francione

 

(Blogs de la même communauté : Trois RévolutionsMessages de l'Au-delàVégan La Foi retrouvéePropositions de décroissanceLa totalité du réelMarie-Madeleine, Quelques citations et Un Cœur PurPage Youtube + Page Facebook)
(Conte en vidéo : Conte d'une Âme)

Rédigé par Thierry

Publié dans #Droits des animaux, #Vegan

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article